Les hommes sont de plus en plus fascinés par les robots à
apparence humaine, comme dit précédemment. Des robots anthropomorphes sont donc
créés, expérimentés, mais ils n’ont, jusqu’ici, pas été totalement intégrés
dans notre vie quotidienne, en tant qu’assistants par exemple, du moins en
Europe. Il s’agit dès lors de se demander si l’entrée des robots dans
l’ordinaire bousculerait notre appréhension à leur égard, puisque pour
l’instant ils ne sont sollicités et testés que dans le domaine technique,
industriel ou scientifique en général. Mais cohabiter avec un robot à
l’apparence humaine risque d’ébranler notre point de vue à l’intention du
potentiel sentiment de sécurité que nous éprouverions envers un robot qui nous
ressemble. Dans ce cas, serions-nous plus à l’aise envers un robot
anthropomorphe ou clairement artificiel ?
Le roboticien japonais Masahiro Mori a participé aux
fondements de la réflexion en proposant l’effet dit de la « vallée dérangeante
», qu’il désigne comme une réaction psychologique humaine face à certains
robots humanoïdes. C’est dès 1970 qu’il avance l’idée que plus un robot revêt
une apparence humaine, plus ses imperfections nous rebuteraient. Certains
d’entre nous seraient alors beaucoup plus à l’aise devant un robot technique,
dont l’aspect artificiel est évident. De ce fait, lorsqu’une entité
non-humanoïde est clairement identifiée comme un robot, nous éprouverions plus
d’empathie et de sympathie envers les quelques aspects humains qu’il peut
avoir. Au contraire, lorsqu’il ressemble trop à l’humain au point de pouvoir
être confondu avec lui, le robot ne peut que nous faire ressentir un sentiment
d’étrangeté. Entre ces deux cas, se trouve le robot se situant dans la « vallée
dérangeante ». Wired UK, une équipe de chercheurs américains à l’université de
Californie à San Diego, a mené une étude à ce sujet. Il en résulte qu’il y a une
‘’chute de familiarité dans la ressemblance
d'un robot (ou androïde) avec un être humain, lorsque l'on tente de trop
faire ressembler le robot à l'être humain.’’. Wired Uk explique également que
«nous sommes capables d'apprécier Wall-E, le robot de Pixar, ou Mario, le héros
de Nintendo, mais nous avons la chair de poule en voyant les visages
ultra-réalistes du Pôle Express ou du Tintin de Steven Spielberg». (1)
Robot Affetto |
Ainsi, des robots que l’on pourrait réellement confondre
avec l’humain ont été créés à des fins scientifiques : c’est le cas du
robot Affeto, conçu par le laboratoire Asada de l’université d’Osaka en juillet
2012. Avec l’apparence d’un enfant de 2 ans,
Affeto, qui signifie l’affect ou l’affection en italien, est le parangon même
de la question que nous posons. Le journal Le Figaro, et le site Plasticpals
s’accordent à dire que la ressemblance est « troublante », et renforcée par la
gestuelle du petit Affeto qui évoquent ceux d’un enfant à la perfection. Ses
bras, son cou ainsi que sa colonne vertébrale sont animés par une vingtaine de
mécanismes pneumatiques rendant son comportement davantage souple. Notre
réaction face à Affeto est finalement un mélange d’appréhension,
d’attendrissement, et de malaise face à un être devant qui nous avons
l’habitude de nous pencher avec tendresse, et dont nous prenons soin. Dans le
cas d’Affeto, ses capacités qui nous dépassent nous rendent plus méfiants. (2)
Et si le robot à apparence humaine nous dérange lorsqu’il
est trop ressemblant, c’est que la question du physique doit certainement être
dépassée. En effet, surgit ici l’idée que s’il parvient à être à l’image de
l’homme physiquement et à copier son comportement, le robot arrivera à lui
ressembler émotionnellement également. L’imaginaire et nos représentations,
largement repris, diffusé et même accentué par la science-fiction littéraire et
télévisuelle, nous amènent à penser la capacité sensitive et de conscience chez
les robots. Il s’agirait d’un glissement comme il peut être véhiculé par la
nouvelle série « Real Humans » diffusée sur Arte en France depuis quelques
semaines. L’histoire se déroule dans un futur assez proche en Suède, où les
humains cohabitent avec les hubots, des robots androïdes très largement
inspirés des modèles japonais. Ce qui frappe dans un premier temps chez ces
hubots, c’est surtout un physique quasiment assimilable à celui d’un humain,
mis à part l’aspect un peu trop lisse de leur visage, et leurs grands yeux
bleus.
(1) : http://www.slate.fr/lien/41329/cerveau-androides-vallee-etrange
(2) : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/08/22/japan-affeto-le-robot-qui-ressemble-a-un-bebe-humain/
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